L’Echo – 04/05/2016 – Christine Scharff
EDF Luminus, deuxième producteur et fournisseur d’électricité en Belgique, a basculé dans le
rouge en 2015, alors qu’il était parvenu à maintenir son résultat juste au-dessus de la ligne de
flottaison en 2014. En cause: l’amortissement exceptionnel de 117 millions d’euros passé sur
ses quatre centrales au gaz.
« Nous avions déjà enregistré des réductions de valeur sur certaines d’entre elles, mais avec un
prix de l’électricité qui a chuté de 45 euros par MWh en 2015 à 28 euros par MWh au premier
trimestre 2016, la valeur de notre parc thermique était devenue nulle, voire négative »,
explique son CEO Grégoire Dallemagne. Ces centrales ne tournent plus que lors des pics de
consommation ou pour aider le gestionnaire du réseau à haute tension Elia à équilibrer son
réseau. Le reste du temps, elles sont à l’arrêt.
L’une d’elles, celle de Seraing, a déjà été placée dans la réserve stratégique. Et EDF Luminus,
qui a jusqu’au 31 juillet pour trancher, n’exclut pas de décider de la fermeture, temporaire ou
définitive, de ses autres centrales au gaz (Ham, Ringvaart et Angleur). « Sans rémunération de
ces centrales pour leur capacité, via la réserve stratégique ou sous une autre forme, la logique
économique nous contraindra à les fermer », affirme Grégoire Dallemagne.
Le CEO d’EDF Luminus estime toutefois que les quelque 4.000 MW de centrales au gaz qui
existent en Belgique sont nécessaires pour garantir la sécurité d’approvisionnement. Pas seulement à partir de 2023, quand les réacteurs nucléaires commenceront à fermer, mais déjà
à l’heure actuelle. « Lorsqu’on voit ce qui s’est passé ces deux dernières années, faire
l’hypothèse que les 6.000 MW de nucléaire seront toujours disponibles est plutôt optimiste »,
note Grégoire Dallemagne. Et avec la sortie du nucléaire en 2025, fermer aujourd’hui ces
centrales au gaz pour en construire de nouvelles d’ici 2025 n’aurait aucun sens, plaide le CEO
d’EDF Luminus. « Cela coûterait trois à quatre fois plus cher que de rémunérer toutes les
centrales existantes en les plaçant dans la réserve stratégique. »
Investissements record
Pour le reste, malgré un marché très concurrentiel en matière de fourniture d’énergie, le
deuxième acteur du secteur énergétique en Belgique se montre satisfait de son année 2015.
Son chiffre d’affaires est en légère augmentation, et son bénéfice d’exploitation (Ebit) est
passé de 17 millions d’euros en 2014 à 38 millions en 2015. Une progression principalement
due à l’augmentation de la base de clientèle – il a gagné près de 100.000 clients nets l’an
dernier, ce qui porte ses parts de marché à plus de 20%.
EDF Luminus affiche aussi une année record en matière d’investissements: près de 180
millions, principalement consacrés au développement des énergies renouvelables et des
services énergétiques, notamment via l’acquisition de la société ATS. « Nous sommes devenus
numéro un de l’éolien onshore avec 254 MW installés fin 2015, et nous avons actuellement
des projets en construction pour plus de 50 MW », détaille Grégoire Dallemagne. Il devrait
investir quelque 150 millions d’euros cette année. « Nous poursuivons notre stratégie qui est de
devenir le premier partenaire énergétique de nos clients, plutôt qu’un fournisseur de
commodities », conclut le CEO d’EDF Luminus.
EDF Luminus déprécie ses centrales au gaz
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