SPEBEL Information info intéressante sur ce qui se passe à E.ON Vilvorde (mise sous cocon)

info intéressante sur ce qui se passe à E.ON Vilvorde (mise sous cocon)

REOGRANISATION ANNONCEE A E.ON BELGIQUE

Au CE Extraordinaire du 8 novembre, la direction de E.ON Benelux faisait part de son intention de procéder à la réorganisation de la centrale électrique au gaz de Vilvorde (une puissance d’environ 385 MW). En raison de conditions générales et latentes défavorables sur le marché mais aussi parce que, selon elle, les conditions économiques pour ce type de centrale au gaz ne vont pas s’améliorer à l’avenir, l’entreprise a décidé de mettre la centrale à l’arrêt , sous cocon, pour une période prolongée. La procédure devant permettre la mise à l’arrêt d’une centrale électrique avait déjà était entamée en 2012. Aujourd’hui, la dure réalité se concrétise.

Selon la direction, 38 des 42 collègues travaillant à Vilvorde seront impactés par cette réorganisation et perdront leur emploi. Seuls 4 collègues devraient être maintenus sur le site de Vilvorde pour y effectuer quelques petits travaux. E.ON entend démanteler l’effectif du personnel à partir du début de l’année 2014 et a déclaré vouloir entamer à cet effet la procédure légale en commençant par une phase d’information et de consultation des délégués du personnel. L’entreprise envisage donc une réorganisation avec licenciement collectif, également appelé la « loi Renault » en référence au bain de sang social qui a eu lieu à Vilvorde aussi lors de la fermeture de l’usine Renault en 1997.

La direction d’E.ON a adressé un courrier individuel explicatif à tous les intéressés. Elle y explique, par ailleurs, qu’elle mettra tout en oeuvre pour limiter les conséquences sociales de la réorganisation ». C’est précisément dans ce cadre que Gazelco va exiger l’application des règles sectorielles en la matière. La CCT sectorielle portant e.a. sur les déplacements règle en effet ce qu’il y a lieu de faire lorsqu’une entité ou une entreprise de notre secteur est confrontée à des événements tels que la fermeture d’un site. Gazelco exigera dans ce cadre et sur base des déclarations patronales, qu’une solution soit recherchée pour tous les intéressés. Ce qui peut se faire de plusieurs manières pour autant qu’il y ait une véritable volonté de la part de l’entreprise. Ce qui , par ailleurs, doit faire partie des potentialités de cette entreprise étant donné qu’E.ON Belgique est une filiale de E.ON SE, une des plus grosses entreprises du secteur énergétique privé au monde. Parmi les solutions possibles, citons entre autres l’activation des régimes de départ anticipé pour toute l’entreprise (si des collègues d’autres sites y souscrivent, ces postes de travail se libéreront pour les travailleurs concernés de Vilvorde), la mutation des intéressés vers d’autres sites (Langerlo et Bruxelles) et une possible discussion d’un aménagement éventuel de la durée et de l’organisation du travail pour les autres sites (redistribution de la charge totale de travail). Gazelco ne tolérera pas qu’E.ON crée un précédent dans notre secteur en ne respectant pas ces règles. C’est de la concertation que devra jaillir la solution et nous sommes prêts à lui donner toutes ses chances. Si l’on ne devait pas trouver de solution, cela signifierait d’abord et très certainement la rupture de la paix sociale dans toute l’entreprise concernée mais cela pourrait aussi avoir d’autres conséquences dans notre secteur. Vigilance et promptitude à défendre nos droits au travers d’un combat syndical solidaire, tels sont sans conteste les mots d’ordre !

L’annonce faite par E.ON peut s’inscrire dans le cadre d’une problématique beaucoup plus large. Pour d’aucuns, elle se situe dans le droit fil de ce à quoi on pouvait s’attendre pour l’avenir de cette centrale. L’absence persistante de politique cohérente des pouvoirs publics en matière d’ancrage des centrales de production existantes en Belgique peut générer des décisions de ce genre de la part d’entreprises privées. Nous en sommes parfaitement conscients aussi. Miser sur l’énergie renouvable n’est en soi pas une mauvaise chose. Néanmoins, nous continuons à dire que cela doit aller de pair avec une capacité de production suffisante en Belgique pour faire face à des périodes de capacité de production renouvable insuffisante (énergie éolienne et énergie solaire ne sont pas continuellement disponibles). La capacité de production totale devrait être un mix de modes de production différents parmi lesquels on retrouve à la fois des centrales classiques, la biomasse, le nucléaire et autres types de centrales. Ce n’est que dans ces conditions que notre pays pourra amorcer la transition vers un autre modèle énergétique sans déchirements. Si notre pays devait être confronté en tout en en

partie à un black-out, il nous en coûterait indiscutablement des vies humaines et un nombre indéfinissable de blessés. Par ailleurs, la facture énergétique doit rester supportable pour tout le monde, pour les citoyens comme pour les entreprises. Actuellement, un flux opaque de subsides est consacré au développement de la production d’énergie renouvable. Qui va continuer à payer tout cela ? Pourquoi n’encourage-t-on pas la diversification ? Comme nous l’avions prédit de longue date, la croissance explosive des installations de panneaux photovoltaïques n’a pas créé d’emploi structurel (le secteur a déclaré récemment que la suppression des subsides a engendré la perte de quelques 5.000 emplois). Peut-être les éoliennes vont-elles subir un même sort ? Le plan ‘Wathelet’ est insuffisant ; il prévoit des subsides notamment pour de nouvelles centrales au gaz mais pas pour des centrales existantes qui, dans de nombreux cas, pourtant peuvent générer des moindres coûts.. Qui va investir dans de nouvelles centrales connaissant l’encadrement existant ? Quoi qu’il en soit, nous ne percevons pas de signaux favorables. Que se passera-t-il au niveau de la facture énergétique si l’absence de moyens de production propres nous oblige à accroître fortement nos importations ? Les mêmes entreprises dans les pays limitrophes, où le parc énergétique est bel et bien diversifié, vont se frotter les mains et générer des marges bénéficiaires innommables sur le dos de la population et des entreprises belges .Est-ce là l’addition qui sera présentée au politique aussi mais évidemment beaucoup trop tard ?

Point de la situation dans ce dossier : la direction d’E.ON a fait depuis lors des propositions concernant un plan de départ et des modalités de mutation (centrale d’E.ON à Langerlo ou d’autres entités d’E.ON). Le mercredi 3 décembre, nous avons soumis une contre-proposition globale à la direction étant donné que sa proposition initiale était largement insuffisante. La discussion se poursuivra le 12 décembre. Faute d’avancées substantielles, nous procéderons à une évaluation interne et verrons comment réagir avant la prochaine concertation prévue pour le 20 décembre.

Jan Van Wijngaerden
Secrétaire Fédéral Gazelco.

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